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Valorisation d’entreprise par la méthode des multiples d’EBITDA (2025)
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La méthode des multiples d’EBITDA est largement utilisée par les , acheteurs et investisseurs pour estimer la valeur d’une entreprise ou d’un fonds de commerce de manière rapide et comparée au marché. Elle consiste à multiplier l’EBITDA (Excédent Brut d’Exploitation avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) par un coefficient (multiple) représentatif du secteur et des caractéristiques de l’entreprise. Cette approche pragmatique, fondée sur l’observation de , permet d’obtenir une valorisation indicative sans recourir à des projections financières complexes. Dans cet article, nous allons détailler ce qu’est l’EBITDA et pourquoi il est un indicateur clé, expliquer le principe de la formule EBITDA × multiple, examiner les pratiques de valorisation constatées en France en 2024-2025 (avec un focus particulier sur le marché parisien), présenter des fourchettes de multiples par secteur à travers des tableaux comparatifs, et discuter des ajustements à opérer en fonction de la taille de l’entreprise, de la dépendance au dirigeant, de la localisation (Paris vs province) ou encore du modèle économique.

Sommaire

• Qu’est-ce que l’EBITDA et pourquoi l’utiliser ?

• Méthode EBITDA × multiple : principe et calcul

• Les pratiques de valorisation en France en 2024-2025

• Le marché de Paris : un cas particulier

 Tableau des multiples EBITDA par secteur (France 2024)

• Ajustements selon taille, dirigeant, localisation, modèle économique

• Conclusion

Qu’est-ce que l’EBITDA et pourquoi l’utiliser pour valoriser une entreprise ?

L’EBITDA (pour Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization) est l’équivalent anglophone de l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation) en comptabilité française. Il s’agit du résultat opérationnel courant avant prise en compte des intérêts, des impôts et des amortissements. Autrement dit, c’est le bénéfice généré par l’entreprise uniquement grâce à son activité d’exploitation, en neutralisant les effets de la structure financière (dette ou trésorerie) et des politiques d’investissement (amortissements) . En ce sens, l’EBITDA mesure la rentabilité économique intrinsèque de l’entreprise, car il correspond à l’excédent de trésorerie dégagé par l’exploitation courante, avant éléments exceptionnels.

Pourquoi l’EBITDA est-il un indicateur privilégié pour la valorisation ? D’une part, parce qu’il approche la capacité de l’entreprise à générer du cash-flow opérationnel. Un EBITDA élevé indique une bonne rentabilité opérationnelle, ce qui en fait souvent un point de départ pour estimer la valeur (un avec un EBITDA plus élevé vaudra plus cher qu’un hôtel similaire moins rentable, toutes choses égales par ailleurs ). D’autre part, l’EBITDA étant calculé avant les décisions de financement et d’investissement, il permet de comparer des entreprises sur une base plus équitable. Deux sociétés du même secteur peuvent avoir des politiques d’amortissement différentes ou des structures d’endettement différentes ; en se focalisant sur l’EBITDA, on neutralise ces effets pour se concentrer sur la performance économique pure. Enfin, l’EBITDA est largement utilisé par les investisseurs et experts car il est facilement disponible dans les comptes de résultat et qu’il sert de référence commune pour appliquer des multiples de marché. Il convient toutefois de l’ajuster (EBITDA “retraité” ou normalisé) pour éliminer les éléments non récurrents ou trop spécifiques (par exemple, retraiter les rémunérations du dirigeant si elles ne correspondent pas au coût d’un manager de remplacement, ou exclure des dépenses exceptionnelles) . Ces retraitements visent à obtenir un EBITDA représentatif de la performance normale, base fiable pour la valorisation.

La méthode EBITDA × multiple : principe et calcul

Principe de la méthode: La valorisation par les multiples consiste à appliquer un multiple de marché à l’EBITDA de l’entreprise évaluée.

Formellement, on utilise la formule :

Valeur de l’entreprise = EBITDA (normalisé) × Multiple du secteur .

Le multiple est parfois appelé « coefficient de valorisation » ou « multiplicateur ». Par exemple, si une PME génère un EBITDA annuel de 500 000 € et que les transactions comparables suggèrent un multiple de 5, alors on estimera la valeur d’entreprise à environ 2,5 M€ (500 000 € × 5) . De même, une jeune société technologique en forte croissance avec un EBITDA de 1 M€ pourrait se voir attribuer un multiple de 10, la valorisant à 10 M€, tandis qu’une entreprise industrielle plus mature avec le même EBITDA pourrait n’avoir qu’un multiple de 6 et une valeur de 6 M€ . Cet exemple illustre que le multiple est un facteur déterminant qui reflète la perception du marché quant aux perspectives de croissance et aux risques de l’entreprise.

D’où vient le multiple ? Contrairement à un coefficient arbitraire, le multiple est généralement issu de l’observation du marché. Les conseillers en fusions-acquisitions, experts-comptables et évaluateurs s’appuient sur des bases de données de transactions comparables, des barèmes professionnels et leur expérience des négociations pour déterminer une fourchette de multiples appropriée. Le multiple synthétise en fait de nombreux facteurs relatifs à l’entreprise évaluée  :

• Secteur d’activité. Chaque secteur a des niveaux de multiples typiques en fonction de son dynamisme et de ses caractéristiques économiques. Par exemple, les secteurs à fort potentiel de croissance affichent en général des multiples d’EBITDA plus élevés que les secteurs matures ou déclinants. En France, en 2024, un éditeur de logiciel en expansion peut valoir autour de 7,7× l’EBITDA en moyenne, alors qu’une entreprise de construction, secteur plus cyclique, se valorise plutôt autour de 3,8× seulement . De même, un secteur très rentable et peu risqué (comme les services de santé ou la pharmacie) supporte des multiples plus hauts (souvent autour de 7× ou plus), tandis qu’un secteur à marges faibles ou incertain (comme la distribution de détail) aura des multiples plus bas (proches de 4–5×) – nous détaillerons ces différences sectorielles plus loin.

• Taux de croissance et perspectives. Une entreprise offrant de fortes perspectives de croissance future se verra appliquer un multiple supérieur, car l’acquéreur anticipe des bénéfices en hausse dans les années à venir . C’est pourquoi, même en 2025, les sociétés tech innovantes ou les services à la personne en forte demande peuvent attirer des multiples généreux, alors que des activités en stagnation auront du mal à dépasser la moyenne du marché.

• Taille de l’entreprise. De manière générale, plus l’entreprise est grande, plus son multiple tend à être élevé. Les grandes PME présentent souvent une diversification des risques, une solidité financière et des positions de marché qui rassurent les investisseurs, justifiant une valorisation plus généreuse. Au contraire, les très petites entreprises subissent une décote (phénomène de Small Firm Premium) car jugées plus vulnérables (portefeuille clients restreint, dépendance à quelques personnes clés, etc.) . Par exemple, selon des données récentes du marché , une très petite entreprise (EBITDA < 0,5 M€) se vend typiquement 3,5 à 4,5× son EBITDA, là où une ETI (> 5 M€ d’EBITDA) peut atteindre 6,0 à 7,5× . Nous reviendrons sur cet effet taille dans la section sur les ajustements.

• Historique et profitabilité. Le passé financier de l’entreprise influe également : une rentabilité élevée et stable sur plusieurs exercices peut tirer le multiple vers le haut, car elle réduit le perçu . À l’inverse, une entreprise dont les marges sont volatiles ou en déclin aura un multiple plus modeste. Par exemple, en 2024 les services informatiques (marges élevées, demande soutenue) affichent des multiples moyens autour de 7×, tandis que l’agroalimentaire (marges plus faibles et coûts élevés) est plutôt autour de 5–6× .

• Profil de risque et cyclicité. Plus une activité est jugée risquée ou cyclique, plus le multiple appliqué sera faible. Les investisseurs exigent en effet une décote pour compenser l’incertitude. Des secteurs comme l’hôtellerie ou le transport, soumis aux aléas économiques, se situent ainsi dans le bas du spectre des multiples (de l’ordre de 4× EBITDA en moyenne) . En revanche, des activités récurrentes ou contractualisées (par exemple une entreprise avec des revenus abonnements stables) peuvent justifier un multiple supérieur à la normale du fait d’un risque moindre.

• Autres facteurs. Parmi les autres éléments pris en compte on peut citer les barrières à l’entrée du secteur (un secteur très protégé comme la pharmacie ou la gestion d’autoroutes peut maintenir des multiples élevés grâce à sa situation quasi-monopolistique ), l’intensité concurrentielle (moins de concurrence pouvant permettre des multiples plus hauts ), ainsi que la conjoncture économique et les conditions de financement. Par exemple, un environnement de taux d’intérêt bas et de liquidités abondantes fait souvent monter les multiples car les acquéreurs peuvent payer plus cher sans dégrader leur rentabilité d’investissement. À l’inverse, la hausse des taux et l’inflation en 2023-2024 ont eu tendance à modérer les valorisations de PME en France, un point que nous allons détailler ci-dessous.

Les pratiques de valorisation en France en 2024-2025

En France, la méthode des multiples d’EBITDA reste une référence centrale pour les évaluations de PME et de fonds de commerce, avec des multiples moyens qui se situent historiquement autour de 5× l’EBITDA pour les transactions de petites et moyennes entreprises. D’après les données issues de cabinets de fusion-acquisition, l’année 2023 s’est terminée avec un multiple moyen d’environ 5,3× en France, un niveau stable malgré un léger fléchissement au premier semestre . Au début 2024, une enquête auprès des conseillers M&A montrait même un petit rebond à 5,35× en moyenne , probablement porté par un regain de confiance après la baisse des incertitudes économiques fin 2023. Toutefois, cette embellie a été de courte durée : fin 2024, le ralentissement économique et la poursuite de taux d’intérêt élevés ont ramené le multiple moyen vers 5,25× . On observe ainsi une stabilité globale des multiples sur 2023-2024, avec une légère tendance à la baisse récemment en raison de la conjoncture (inflation, coût du crédit, etc.).

Variations sectorielles en 2024:

Derrière cette moyenne se cachent de fortes disparités selon le secteur d’activité. Les pratiques de valorisation en France confirment les tendances générales évoquées plus haut : les secteurs technologiques ou de santé se paient cher, alors que les activités traditionnelles ou à faible marge se paient moins cher. Par exemple, début 2024, les multiples de l’e-commerce ont été signalés en légère baisse, passant de ~5,4× à ~5,2× EBITDA en moyenne fin 2023 , reflétant la concurrence intense et la fin du boom post-Covid pour ce secteur. À l’opposé, le secteur du BTP/installation a vu son multiple moyen remonter (autour de 4×) avec la reprise de certains projets . D’une manière générale, en 2024 en France, ce sont les activités liées à la technologie, au logiciel et aux services de santé qui affichent les multiples d’EBITDA les plus élevés (souvent entre 7× et 8× ou plus pour les belles entreprises), tandis que les secteurs comme la distribution, l’automobile, la logistique ou la restauration se situent plutôt entre 4× et 5× dans la plupart des transactions courantes. Le tableau présenté plus loin donnera des fourchettes chiffrées par secteur pour illustrer ces pratiques.

Il convient aussi de noter que la taille des opérations joue un rôle : sur le marché mid-cap (entreprises de valorisation plus importante, typiquement > 15 M€), les multiples observés sont nettement plus élevés que pour les petites PME. Par exemple, l’Indice Argos qui suit les transactions de PME non cotées en zone euro indique qu’au 4e trimestre 2024, le multiple médian a atteint 9,8× EBITDA dans le mid-market . Les fonds d’investissement ont payé en moyenne ~10,3× l’EBITDA sur ces deals de taille intermédiaire, tandis que les acquéreurs industriels ont payé autour de 9,3× . Ces niveaux reflètent l’appétit des investisseurs pour des sociétés plus grandes et souvent leaders sur leur niche. En revanche, pour les TPE/PME de moindre taille, le multiple se contracte comme on l’a vu (souvent 3× à 6× maximum), traduisant une prime de risque plus forte. D’ailleurs, environ 20 % des transactions mid-market en Europe au T4 2024 se sont faites sur des multiples inférieurs à 7× EBITDA – ce qui correspond généralement à des petites entreprises ou des activités moins attractives. Ainsi, les pratiques de valorisation en France en 2024-2025 montrent un écart important entre les grandes transactions (portées par des multiples élevés, proche de 10×) et les cessions de PME locales (plutôt 4-6× en moyenne).

Le marché de Paris : un cas particulier

Le marché de Paris (et de l’Île-de-France) occupe une place à part dans la valorisation des entreprises et fonds de commerce. La région parisienne concentre un grand nombre d’investisseurs, de fonds et d’acquéreurs, ce qui crée souvent une concurrence accrue pour les bonnes affaires. De plus, le dynamisme économique et la densité de population en Île-de-France peuvent se traduire par des chiffres d’affaires plus élevés et des perspectives de croissance supérieures à la province. En conséquence, les entreprises situées à Paris ou dans sa proche banlieue peuvent souvent prétendre à des multiples de valorisation plus élevés que leurs équivalents en région. Un adage courant chez les experts est que « l’emplacement » compte pour beaucoup dans la valorisation d’un commerce : à chiffre d’affaires et EBITDA identiques, un restaurant ou un magasin à Paris intra-muros se vendra généralement plus cher que s’il était dans une petite ville de province, car l’emplacement premium attire plus d’acheteurs et garantit potentiellement une activité soutenue.

Des guides professionnels confirment cette différence liée à la localisation. Par exemple, le Guide Francis Lefebvre d’évaluation des fonds de commerce a établi des barèmes issus de transactions « entre particuliers essentiellement en région parisienne » – ce qui signifie que les fourchettes qu’il propose pour la restauration ou d’autres activités sont représentatives du marché francilien haut de gamme . Dans le cas d’un restaurant traditionnel, ce guide indique une valorisation comprise entre 50 % et 100 % du chiffre d’affaires annuel HT (médiane ~70%) en région parisienne . Dans les faits, ces ratios élevés en Île-de-France correspondent à des multiples d’EBE significativement plus forts que dans d’autres régions (le même guide ne donne pas directement le multiple d’EBE, mais on peut estimer qu’avec une marge d’EBE de 10% par exemple, 70% du CA équivaut à ~7× l’EBE). D’autres sources, comme le site Valeursimmo, confirment que plus la ville est importante, plus le coefficient de valorisation est élevé pour un restaurant, pouvant aller jusqu’à 105% du CA (et même 170% pour une très bonne table) à Paris contre 50% dans une petite ville . Cela illustre qu’un restaurant parisien très réputé peut atteindre des multiples d’EBITDA à deux chiffres, alors qu’un petit restaurant en province se vendra souvent autour de 4–5× l’EBE seulement.

Le marché parisien est également tiré vers le haut par la présence de nombreux acquéreurs internationaux ou institutionnels. Paris attire des fonds étrangers ou des grandes chaînes qui cherchent à s’implanter, notamment dans l’hôtellerie, la restauration haut de gamme, ou les services spécialisés. Ces acteurs sont prêts à payer une prime pour des entreprises parisiennes emblématiques. Par exemple, dans l’hôtellerie, la valorisation des beaux établissements parisiens peut dépasser largement la moyenne nationale (qui est autour de 4× EBITDA ), car Paris reste une destination touristique de premier plan et la concurrence pour y acquérir des actifs est forte. À l’inverse, il faut noter que la localisation parisienne peut parfois s’accompagner de coûts plus élevés (loyers commerciaux élevés, masse salariale plus onéreuse), ce que l’EBITDA reflète déjà en partie. Ainsi, un commerce à Paris aura souvent un EBITDA % un peu plus faible qu’en province du fait des charges, mais cela n’empêche pas un multiple plus haut car le est perçu comme plus faible (clientèle abondante, emplacement n°1, etc.). En somme, Paris offre un contexte de valorisation particulier où les multiples constatés sont dans le haut des fourchettes, justifiant un accent particulier lors de l’évaluation d’une entreprise située sur ce marché.

Fourchettes de multiples d’EBITDA par secteur (France 2024)

Chaque secteur d’activité affiche des multiples de valorisation typiques. Le tableau ci-dessous synthétise, à titre indicatif, les fourchettes de multiples d’EBITDA observées en France (principalement pour des PME) fin 2024, pour divers secteurs – y compris ceux cités fréquemment dans les cessions de fonds de commerce (restauration, pharmacie, hôtellerie, services à la personne). Ces données proviennent de baromètres et études professionnelles et donnent un ordre de grandeur des coefficients généralement appliqués.

Secteur d’activité Multiple EBITDA observé
Développement de logiciels / Tech ~7,7× (moyen) 
Services de santé / Cliniques ~7,4× (moyen) 
Industrie pharmaceutique ~7,4× (moyen) 
Services informatiques (B2B) 6,8 – 7,7× 
Services aux entreprises (B2B) ~5,5× (moyen) 
Agro-alimentaire 5,3 – 6,0× 
Restauration (restaurants) 4,7 – 15,7× (très variable) 
E-commerce 4,8 – 5,9× 
Industrie & Production 4,7 – 5,5× 
Distribution (commerce de détail) 4,3 – 5,3× 
Services à la personne (ex: aide à dom., gardes) ~3 – 5× (typique) 
Hôtellerie (hôtels indépendants) ~4,2× (moyen) 
Automobile, Transport & Logistique 3,8 – 4,8× 
Pharmacies d’officine ~5 – 6× (selon taille) 

Lecture du tableau : On constate que les secteurs technologiques et médico-pharmaceutiques se négocient sur des multiples élevés (autour de 7× voire plus), grâce à leur croissance et/ou leur résilience. Au contraire, des secteurs plus traditionnels comme la distribution, l’automobile ou la logistique se situent en bas de fourchette, souvent entre 4× et 5× seulement, en raison de marges plus faibles et d’une forte concurrence. Les restaurants et l’hôtellerie présentent des cas très hétérogènes : un petit restaurant de quartier pourra se vendre 5× son EBITDA, alors qu’une grande brasserie parisienne ou un restaurant gastronomique très coté a pu atteindre des multiples bien supérieurs à 10× (d’où la fourchette étendue jusqu’à ~15×) . De même pour les hôtels, beaucoup de transactions se font autour de 4–5×, mais des établissements d’exception peuvent déroger à cette règle. Quant aux pharmacies, leur valorisation est souvent exprimée en pourcentage du chiffre d’affaires ou en multiple d’EBE. Fin 2023, selon Interfimo, les pharmacies moyennes se vendaient environ 5,3× l’EBE pour les petites officines et 6,4× pour les plus grosses . Notre tableau indique donc un ordre de grandeur de ~5–6× pour ce secteur réglementé, qui demeure l’un des plus prisés en commerce de proximité. Enfin, les services à la personne (par exemple une entreprise d’aide à domicile, de ménage, de garde d’enfants, etc.) se situent généralement autour de 3 à 5× l’EBITDA dans les transactions de PME locales : c’est un secteur à forte composante humaine et locale, souvent peu scalable, ce qui limite les multiples malgré une demande en croissance. Ce chiffre rejoint d’ailleurs la moyenne habituelle constatée pour les fonds de commerce (autour de 4× l’EBE) .

Remarque : Les fourchettes ci-dessus doivent être prises comme des références indicatives. Chaque entreprise est unique et peut se vendre en dehors de ces intervalles en fonction de ses spécifiques ou faiblesses. Par exemple, un commerce avec un emplacement exceptionnel ou une marque très forte pourra dépasser la fourchette de son secteur, tandis qu’une entreprise pourtant dans un secteur coté mais présentant des risques propres (perte d’un client majeur, besoin d’investissement…) se vendra sur un multiple inférieur au standard du secteur.

Ajustements selon la taille, le dirigeant, la localisation et le modèle économique

Même une fois qu’on dispose de multiples sectoriels de référence, il est crucial d’affiner la valorisation en fonction des caractéristiques propres à l’entreprise cible. Voici les principaux ajustements à considérer :

• Taille de l’entreprise : Comme évoqué, la taille (mesurée en EBITDA ou en chiffre d’affaires) influence directement le multiple applicable. Les très petites entreprises subissent généralement une décote de valorisation (Small Firm Discount), car elles sont perçues comme plus fragiles ou dépendantes. À l’inverse, une entreprise plus grande et structurée bénéficiera d’un multiple plus élevé du fait d’une diversification des risques et d’une attractivité accrue pour les acquéreurs plus importants . En pratique, un fonds de commerce générant 100 k€ d’EBITDA aura peut-être un multiple de 3–4×, là où une PME à 1 M€ d’EBITDA peut espérer 5× et une à 5 M€ d’EBITDA plutôt 6–7×. Conclusion : toujours situer l’entreprise en termes de taille par rapport aux transactions comparables utilisées – appliquer un multiple de grande entreprise à une petite société conduirait à une surévaluation.

• Dépendance au gérant / aux personnes clés : Un facteur souvent déterminant dans les petites structures est la dépendance vis-à-vis du dirigeant ou de quelques employés clés. Si l’entreprise doit son succès en grande partie aux compétences, à la réputation ou aux relations personnelles du cédant, le risque pour l’acquéreur est que la performance chute après son départ. Il conviendra alors d’ajuster la valorisation en conséquence, généralement par un multiple plus faible. Par exemple, une agence de services dont le gérant est l’apporteur d’affaires principal aura du mal à se vendre au multiple standard du secteur sans assurer une transition solide. Les experts procèdent en outre à des retraitements d’EBITDA pour tenir compte de ce facteur : souvent on intègre le coût de remplacement du dirigeant (salaire d’un manager à recruter) dans l’EBITDA, ce qui diminue l’EBITDA “retraité” et donc mécaniquement réduit la valorisation . Il est essentiel pour un vendeur d’ cela (par exemple en rendant l’activité moins personnel-dépendante avant la , ou en prévoyant d’accompagner suffisamment l’acheteur).

• Localisation géographique : La valeur d’une entreprise peut varier selon sa localisation, non seulement entre Paris et province comme nous l’avons vu, mais aussi entre une zone urbaine prospère et une zone rurale en déclin, ou encore entre différentes régions de France. La localisation influe à la fois sur la performance (potentiel de clientèle, pouvoir d’achat local, tissu économique) et sur la désirabilité aux yeux des acheteurs. Concrètement, une même franchise de service à la personne vaudra plus cher en Île-de-France qu’en zone rurale isolée, car l’assiette de clientèle et le vivier de repreneurs y sont supérieurs. Des études sur les pharmacies montrent par exemple des variations régionales : en 2023 les officines des Pays de la Loire se cédaient à un multiple moyen de 5,7× (EBE) alors que d’autres régions dépassaient 6× . Ainsi, il faut contextualiser les multiples : un multiple “moyen France” pourrait surestimer la valeur d’un commerce dans une localisation peu dynamique, et inversement sous-estimer un commerce en emplacement numéro 1. Adapter légèrement le coefficient en fonction de la zone de chalandise, de la démographie locale et de l’attractivité économique est donc justifié.

• Modèle économique et qualité des revenus : Enfin, le modèle d’affaires de l’entreprise joue un rôle dans l’évaluation du multiple approprié. Deux sociétés du même secteur peuvent avoir des profils très différents : l’une peut avoir des revenus récurrents (abonnements, contrats long terme) et l’autre des ventes ponctuelles volatiles ; l’une peut opérer intégralement en ligne avec une portée nationale, l’autre être une affaire de quartier ; l’une peut avoir un positionnement haut de gamme avec forte marge, l’autre une bas prix à volume. Ces différences de modèle se traduiront dans le multiple. En général, tout ce qui confère une meilleure visibilité sur les revenus futurs et une marge solide peut justifier un multiple plus élevé. Par exemple, une entreprise de services B2B avec des contrats annuels et peu d’actifs (faible intensité capitalistique) pourra obtenir un multiple supérieur à la moyenne du secteur, car le repreneur anticipe des flux de trésorerie plus sûrs . À l’inverse, un modèle très dépendant de conjonctures saisonnières ou de tendances éphémères pourrait être valorisé prudemment avec un multiple réduit. Il est donc important d’évaluer la qualité de l’EBITDA : provient-il d’une base régulière et soutenable ou bien d’un coup de chance ponctuel ? Les acquéreurs et experts feront ce tri pour ajuster la valorisation (par exemple en isolant la part d’EBITDA vraiment pérenne, ou en appliquant un coefficient moindre pour la part jugée incertaine).

Conclusion

En résumé, la méthode des multiples d’EBITDA est un outil puissant et pratique pour évaluer une entreprise ou un fonds de commerce, en particulier dans le contexte des cessions de PME. Elle offre une lecture instantanée du marché – en indiquant combien d’années d’EBITDA un acheteur est prêt à payer – et a le mérite de la simplicité. Toutefois, comme nous l’avons détaillé, son application correcte nécessite une analyse fine : bien choisir le multiple de référence (en s’appuyant sur des données actualisées de transactions comparables, notamment en France sur 2024-2025), et l’ajuster aux réalités spécifiques de l’entreprise (taille, dépendance, localisation, modèle économique…). Les données récentes montrent un marché français relativement stable autour de 5× l’EBITDA en moyenne pour les PME, avec des pics beaucoup plus élevés dans la tech/santé et des niveaux plus bas dans les secteurs traditionnels ou risqués . Sur Paris, les valorisations atteignent souvent le haut des fourchettes grâce à la vigueur de la demande locale. Quant aux secteurs comme la restauration, la pharmacie, l’hôtellerie ou les services à la personne, ils obéissent à des références de multiples spécifiques que nous avons illustrées, tout en nécessitant un examen au cas par cas.

En tant que vendeur, acheteur ou investisseur, comprendre ces multiples d’EBITDA et les facteurs qui les sous-tendent est essentiel pour négocier au juste prix. Un vendeur bien informé saura justifier son prix par des comparables tangibles, et un acquéreur sérieux saura détecter si un multiple affiché est cohérent ou non avec le marché et les caractéristiques de l’affaire convoitée. Enfin, il ne faut pas oublier que la valorisation finale résulte aussi de la rencontre de l’offre et de la demande, et donc de facteurs plus subjectifs (synergies espérées par un acquéreur stratégique, concurrence entre plusieurs repreneurs, etc.) qui peuvent conduire à payer au-dessus ou en dessous du multiple “théorique”. La méthode des multiples EBITDA doit donc être utilisée comme une grille d’analyse et de discussion, combinée à d’autres approches (flux de trésorerie actualisés, actifs nets, etc.) pour aboutir à une décision d’investissement éclairée et équilibrée.

Sources : Les informations chiffrées et analyses proviennent notamment de baromètres M&A français récents (In Extenso Finance, Dealsuite/Fusac ), de cabinets d’experts-comptables et conseillers en cession-acquisition (Xval , Interfimo , etc.), ainsi que de guides professionnels (Lefebvre, L’Hotellerie-Restauration ) et retours d’expérience sur le marché parisien. Ces sources concordent à souligner l’importance de l’EBITDA comme base de calcul et la nécessité de raisonnements multi-facteurs pour aboutir à une valorisation juste. Chaque transaction étant unique, ces multiples offrent un cadre de référence, à adapter avec discernement.

 

Maître Nabil Fadli

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